Guerres et histoire 86, une nouvelle formule
Ce 86e numéro de Guerres &_Histoire dont le dossier est est consacré à la bataille de Koursk, est relooké, rafraîchi, réadapté à des contraintes diverses, des désirs nouveaux. C’est le sens de l’expression « nouvelle formule » qui, vous le verrez, n’est pas un tremblement de terre, mais plutôt un reprofilage. Il fallait faire un sort à certaines rubriques de plus en plus difficiles à remplir comme la « Vigie » ou le portfolio.
Il fallait tenir compte de vos habitudes de lecture, qui plébiscitent les actualités, les livres et les questions-réponses (ce qui, pour ces dernières, se constatera sur le numéro_87). Le « Rapport de bataille » est réaménagé autour d’une grande carte. La rubrique « Guerres & campagnes » est augmentée, ce qui en fait une sorte de second dossier où les surprises ne manqueront pas. Le portfolio ayant disparu, nous avons choisi de parsemer nos colonnes de grandes et puissantes images.
Une ligne directrice qui ne change pas
La pagination ne change pas. Ou plutôt devrais-je dire qu’elle ne fléchit pas, tant le prix du papier et son approvisionnement demeurent un souci majeur, de même que la réduction constante des points de vente de la presse. Mais nous gardons le cap, en serrant au plus près possible du vent mauvais qui souffle sur toute notre profession. La ligne directrice du magazine, quant à elle, ne bouge pas d’un iota. Notre camp est clairement délimité : c’est celui de la vulgarisation au plus haut niveau. Nos gènes Science_&_Vie continuent de s’exprimer ! La proportion d’universitaires qui écrivent dans ces pages augmente sans que l’agrément de la lecture en souffre. Nous veillons au grain et entretenons l’art d’assouplir les plumes raides et d’orienter récits ou analyses vers le mariage harmonieux du plaisir et de la connaissance.
Des sujets variés
La diversité des sujets ne se réduit pas : nous continuons à traiter toutes les périodes historiques, sous tous les angles possibles, en gardant l’ouverture internationale qui est notre marque. De temps à autre, de façon impromptue – ne nous endormons pas –, nous inviterons un penseur de la guerre à donner un papier de fond. Qui n’en ressent pas le besoin dans un monde où les conseillers militaires des chaînes d’informations vont bientôt devenir aussi populaires que les présentateurs de jeux télévisés ?
Un dossier classique revisité
Le dossier de ce numéro de nouvelle formule est un classique. Mais un classique revisité par deux invités de marque. Koursk, c’est aussi une gigantesque mêlée aérienne, et nous avons demandé au professeur Jens Wehner, qui mène une réflexion à longue portée sur les rapports entre technique et tactique, de nous en dessiner les contours. Pour répondre à la question posée en une : « Hitler a-t-il gâché la victoire ? », l’historien Roman Töppel a bien voulu monter à la manœuvre. Non seulement il est le meilleur connaisseur au monde de la bataille de Koursk, mais encore est-il en train de réaliser un travail de bénédictin avec son édition critique des lettres et des journaux de guerre d’Erich von Manstein. Lequel est le créateur et le diffuseur du mythe de la « victoire perdue ».
Nous existons depuis bientôt quinze ans et notre petite équipe entend bien marcher allègrement vers son centième numéro. Avec, comme sur une scène de jazz, à la maquette et à la direction artistique Bertrand Le Port, dit Bleu Petrol ; à l’iconographie Stéphane Dubreil, cuisinier, chanteur et maître ès-bandes dessinées ; au secrétariat de rédaction, Augustin Langlade, alias Le Métronome ; à la rédaction en chef adjointe, Pierre Grumberg, prince des encadrés, marquis de l’infographie et baron des boulons ; et enfin, au porte-voix, votre serviteur.
Pour vous exprimer sur le magazine et cette nouvelle formule, ou simplement pour nous suggérer des idées, vous avez deux moyens : notre page Facebook ou notre mail (courrier.svgh@reworldmedia.com).
Inoxydablement vôtre, Jean Lopez, directeur de la rédaction
Le Sommaire

OUVERTURE
6 FOCUS
12 ACTUALITÉS DE L’HISTOIRE MILITAIRE
18 RÉSONANCES Grecs contre Romains : victoire par KO contre victoire aux points
DOSSIER KOURSK, 1943 : HITLER A-T-IL GÂCHÉ LA VICTOIRE ?

EN SECTIONNANT LE SAILLANT DE KOURSK À L’ÉTÉ 1943, L’OPÉRATION « CITADELLE » EST CENSÉE DONNER DE L’AIR À LA WEHRMACHT. RÉTICENT MAIS ENCOURAGÉ PAR SES GÉNÉRAUX, HITLER RISQUE DANS L’AFFAIRE L’ÉLITE DES PANZERS, ÉQUIPÉE DE NEUF. ALORS QUE LA STAVKA A PRÉPARÉ DES DÉFENSES D’UNE ÉPAISSEUR INÉDITE, LES ALLEMANDS S’ENFONCENT ET L’ARMÉE ROUGE PANIQUE… LA VICTOIRE ÉTAIT ELLE À PORTÉE AVANT QUE LE FÜHRER NE GÂCHE TOUT, COMME L’ÉCRIRA MANSTEIN ? TROIS HISTORIENS ROUVRENT LE DOSSIER.
« CITADELLE » L’OPÉRATION À CONTRECOEUR
TOUTES DEUX PERPLEXES SUR CE QU’IL FAUDRAIT FAIRE EN 1943, LES DIRECTIONS ALLEMANDE ET SOVIÉTIQUE FIXENT LEUR ATTENTION SUR UN SAILLANT SITUÉ AUTOUR DE LA VILLE DE KOURSK. C’EST LÀ QU’HITLER VEUT ENGAGER LE MEILLEUR DE LA WEHRMACHT POUR UNE OFFENSIVE LIMITÉE. C’EST LÀ QUE STALINE ET SES MARÉCHAUX LUI TENDENT UN PIÈGE STRATÉGIQUE.
LA BATAILLE LA PLUS INTENSE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
LA BATAILLE DE KOURSK FRAPPE L’HISTORIEN POUR DEUX RAISONS. JAMAIS AUTANT D’HOMMES ET DE MACHINES NE SE SONT AFFRONTÉS SUR UN ESPACE AUSSI RÉDUIT. PAR AILLEURS, LES COMBATS ONT LIEU DANS DEUX SECTEURS INDÉPENDANTS L’UN DE L’AUTRE, OÙ LES ALLEMANDS OBTIENNENT DES RÉSULTATS DIFFÉRENTS, MAIS QUI CONVERGENT VERS UN CONSTAT IDENTIQUE : L’ÉCHEC.
LA LUFTWAFFE VAINC SANS LENDEMAIN
AUSSI ACHARNÉE QUE LES COMBATS AU SOL, LA BATAILLE AÉRIENNE DE KOURSK EST SOUVENT IGNORÉE. LES ALLEMANDS Y DOMINENT LE CIEL FACE À DES SOVIÉTIQUES ENCORE NOVICES, MAIS ACCROCHEURS ET DE PLUS EN PLUS NOMBREUX. MALGRÉ SES PROUESSES ET SON ACTIVITÉ, LA LUFTWAFFE EST INCAPABLE DE CHANGER L’ISSUE DE LA BATAILLE. CE BAROUD EN FORCE EST LE DERNIER AVANT LE TRANSFERT DU GROS DES CHASSEURS SUR LE FRONT DE L’OUEST.
R U B R I Q U E S

42 LA FIGURE
Gilles de Rais, maréchal de France et ogre de Bretagne
Gilles de Rais est surtout connu pour les crimes monstrueux qui le mènent à l’échafaud en 1440. Auparavant ce compagnon de Jeanne d’Arc et favori de Charles VII avait accédé à la fonction suprême de maréchal de France.

46 LE TÉMOIN
Léon Landini, FTP-MOI : « Ici, c’est pas le maquis : l’espérance de vie est de trois mois ! »
Originaire d’une famille d’immigrés italiens communistes, Léon Landini s’engage presque naturellement dans la Résistance. Dans le Var, dans la Creuse puis à Lyon où il rejoint les FTP-MOI du bataillon Carmagnole, il lutte contre les occupants italiens et allemands, ainsi que les collabos. Un combat atroce, sans merci, dont par miracle il sort vivant, mais pas indemne.
54 L’IDÉE REÇUE
La Royal Navy a éliminé la Marine impériale à Trafalgar

66 L’ARTEFACT
Vêtement NRBC, le spectre incarné de l’Apocalypse

56 GUERRES & CAMPAGNES
Guerre anglo-américaine de 1812 : Londres sauve le Canada
1812, les États-Unis tentent de profiter du chaos européen pour consolider leur unité politique et s’agrandir au détriment de l’Angleterre. Mais aussi occupée qu’elle soit, l’ex-puissance tutélaire n’est pas prête à céder la place.

68 LES TROUPES
Galates, les guerriers celtes de l’Orient hellénistique
Cinq siècles avant l’installation des « barbares » germaniques dans l’Empire romain, des peuples galates fondent au IIIe siècle av. J.-C. une confédération au coeur de l’Asie Mineure. Profitant des guerres récurrentes qui fracturent l’ex-empire d’Alexandre, ils se rendent vite d’une grande utilité dans les armées hellénistiques.

RAPPORT DE BATAILLE
Rossbach, le jour de gloire de la cavalerie prussienne
En un tournemain, Frédéric II écrase à Rossbach une armée austro-germano française deux fois plus nombreuse que la sienne, grâce au Murat prussien, Friedrich von Seydlitz. Et les Parisiens moquent le malheureux général vaincu. « Soubise dit, la lanterne à la main : / J’ai beau chercher, où diable est mon armée ? »