Bien que l’Albatros D III ou le Fokker triplan de Manfred von Richthofen aient été seulement partiellement peints en rouge, « l’as des as » de la Grande guerre est entré dans la légende comme le petit rouge, le diable rouge ou encore le Baron rouge.
Il n’a cependant rien inventé. D’autres aviateurs que lui coloraient leur fuselage en rouge. Ils le le décoraient avec un crâne et des os croisés ou avec un cercueil et des bougies. Ils exprimaient ainsi leurs sentiments sanguinaires vis-à-vis de l’ennemi. Cette mode prend ses origines probablement dans la marine française. Elle est attestée pour la première fois pendant le combat de prairial 1794 contre la flotte britannique.
En 14-18, il a fallu attendre la bataille de Verdun pour que la coloration des avions de combat devienne populaire. Au printemps 1916, tandis que des centaines des milliers de combattants rampaient dans la boue sous les tirs d’artillerie, très haut au-dessus d’eux planait la sentinelle de Verdun, le Nieuport 11 de Jean Navarre, rouge lui aussi. Il attaquait chaque avion ennemi qui osait apparaître à l’horizon. Sa popularité parmi les Poilus était immense. La mode franchit la ligne de front et, à la fin de la guerre, les usines allemandes ou austro-hongroises produisaient des avions qui sortaient d’usine déjà coloriés et avec différents motifs sur leurs fuselages.