Pédagogique et immersive, une tranchée sort de terre au musée de la Grande Guerre
Depuis son inauguration le 11 novembre 2011, le musée de la Grande Guerre est devenu le musée de référence sur la Première Guerre mondiale en Europe, avec une collection unique, composée de plus de 70 000 objets et documents. Plus d’un million de visiteurs ont découvert la richesse et la diversité de sa collection, présentée dans une scénographie immersive. Après l’arrivée sur le parvis du musée, d’un char Saint Chamond, de pièces d’artillerie et de wagons de la Grande Guerre, l’équipe du musée a conçu une tranchée pédagogique qui permet de comprendre le quotidien des poilus.
Une tranchée immersive
Le 11 novembre 2024, les visiteurs peuvent déambuler au milieu de cette tranchée unique dans le monde. Cette construction complète l’exposition qui s’est tenue au musée en 2023. Cette exposition donnait à voir et à saisir ce que l’historien François Cochet appelle « le système-tranchée ».
Le parcours débute en surplomb par rapport au dispositif. Le public accueilli comme s’il était une nouvelle recrue invitée à prendre connaissance du champ de bataille avant d’y pénétrer. Il entre par la seconde ligne « face à l’ennemi ».
Depuis ce point de vue, des dispositifs de médiation présentent le système global de tranchée, la ligne arrière et les boyaux perpendiculaires débouchant sur la première ligne. En fond, le visiteur aperçoit la reconstitution du no man’s land, un chaos de barbelés, de morceaux d’obus, de chevaux de frise, de queues de cochon, d’armes entremêlés de cadavres que les poilus ne peuvent récupérer sans risquer leur vie. Comme les soldats de la Grande Guerre, le visiteur est amené à « descendre » dans la tranchée par un cheminement de caillebotis au sol, inspiré des aménagements des fonds de tranchées mais adaptés aux contraintes des espaces publics et accessibles à tous. Le décor est hyper réaliste moulé sur des murs de terre et de bois.
Une ambiance sonore – explosions, sifflements des balles, cris – accompagne le visiteur dans son parcours. Son spatialisé et caissons de basse viennent ainsi renforcer l’immersion. La sortie de la tranchée se fait par le parvis actuel du musée de la Grande Guerre.
Découverte immersive
Une chambre d’officier et un dortoir d’infanterie ont été minutieusement reconstitués avec des objets ou des copies fidèles.
Le no man’s land vue de la tranchée.
Voyage dans la tranchée.
Le poste de tir.
Les différents espaces
1 LE POSTE D’ARTILLERIE
Dès la fin 1914, la guerre de position montre l’utilité d’une artillerie spéciale pouvant être employée dans les tranchées, à courte portée et encombrement relativement réduit mais tirant des projectiles puissants en tir vertical. D’où la création des mortiers de tranchées plus connus sous le nom de « crapouillots ».
2 LE POSTE D’OBSERVATION
Le poste d’observation permet d’observer le champ de bataille et l’adversaire (mission principale), de prévenir en cas d’attaque ou de coup de main et de guider les tirs de l’artillerie. Cette petite construction du champ de bataille doit être camouflée et bien protégée (coupole blindée ou bunker). Il est souvent équipé de moyens de communication.
3 L’ENTRÉE DE SAPE
Dans le cas présent, il s’agit d’une sape de mine, c’est-à-dire une galerie souterraine creusée par des sapeurs afin d’aménager un fourneau (une chambre de mine) sous la tranchée adverse puis provoquer l’explosion. Elles peuvent être actives ou abandonnées. La guerre souterraine consiste à creuser des galeries de sapes sous les positions de l’adversaire et à la détruire à l’aide d’explosifs. Les camouflets visent à neutraliser les contre-sapes de l’adversaire.
4 LE CRÉNEAU DE TIR
Ces dispositifs s’intègrent dans le dessin du profil des tranchées. Ils intègrent un parapet et un parados. Le parapet est un rebord qui protège la tranchée contre les tirs ennemis. Il est fait de terre, consolidé par des sacs de terre. Le parapet comprend également des aménagements défensifs comme les banquettes. Celle-ci sont en bois, en terre ou en sac de terre. Elles servent de banc pour les fantassins ou de poste de tir. Le fantassin est ainsi protégé (par les sacs de terre, les barbelés, etc.) et peut appuyer son corps pour tirer (moins fatiguant) en reposant le canon du fusil sur les créneaux. Les créneaux sont des échancrures dans le parapet, destinées à surveiller l’adversaire et à tirer. Le parados protège les combattants sur les arrières et est composé d’un talus de terre, de sacs de terre, et d’une palissade de pieux défensifs. Au sol, on peut trouver souvent le caillebotis qui est un élément à claire-voie en bois placé au fond des tranchées et des boyaux afin de régulariser le sol, de l’affermir et de permettre la circulation des combattants malgré la pluie, la boue et l’accumulation d’eau.
5 LA CAGNA
La cagna est un abri de première ligne qui protège uniquement des intempéries. Il s’agit de cavités dans la terre pour un à deux hommes.
6 LE POSTE DE MITRAILLEUSE
Des positions de mitrailleuses peuvent défendre le boyau d’accès au poste d’écoute, de part et d’autre à l’entrée du boyau.
7 LE POSTE D’ÉCOUTE
Le poste d’écoute est souvent porté en avant du réseau de fil de fer, c’est-à-dire à une cinquantaine de mètres de la tranchée. Il est protégé par un petit réseau de fil de fer. L’accès, par le boyau du poste d’écoute, peut être souterrain ou couvert par des barbelés. Le poste d’écoute est occupé par des veilleurs et des bombardiers ou des grenadiers. Les fantassins affectés au poste d’écoute ont pour mission d’écouter l’activité de l’adversaire et recueillir des renseignements, d’alerter la tranchée en arrière en cas d’attaque et enfin de résister jusqu’à la dernière extrémité avec fusils et grenades. Après le repli, les fantassins du poste d’écoute actionnent un dispositif automatique de barrage prévu dans le boyau du poste d’écoute.
8 LE NO MAN’S LAND
Le no man’s land désigne la zone neutre, ravagée et inhabitée, entre les positions des deux adversaires. Sa largeur peut varier entre quelques dizaines et quelques centaines de mètres.
Des corps de soldats tués, des débris divers (ruines, vestiges d’arbres) et des milliers d’objets métalliques et en bois abandonnés (douilles, caisses de munitions, casques, bidons, queues de cochon, etc…) jonchent cet espace constellé de trous d’obus. Les défenses accessoires sillonnent le no man’s land, principalement les fils de fer. Ces défenses, projetées à quelques dizaines de mètres en avant de la tranchée sur une dizaine de mètres de large vise à empêcher, à retarder et à canaliser la progression de l’adversaire. Pour les contrer, il faut des moyens de destruction (une grande quantité de munitions d’artillerie est nécessaire pour détruire un tronçon de quelques mètres) et inventer des moyens de neutralisation (cisailles, brouettes blindées, grappin, explosifs divers comme les chapelets de pétards).
9 LES FEUILLÉES
Les feuillées sont des latrines de campagne rudimentaires (trous, tranchées abandonnées) dissimulées sous des branchages. On y accède par un boyau spécial. Les feuillées sont profondes pour ne pas avoir à les renouveler souvent.
10 L’ABRI
L’abri est au coeur de la vie quotidienne des soldats : les hommes vivent dans l’abri, et c’est à sa qualité que les soldats doivent leur survie. On trouve une grande diversité d’abris, du trou sommaire recouvert d’une bâche ou toile de tente à l’installation souterraine profonde, parfois sur plusieurs niveaux, plus confortable, disposant parfois de l’électricité et qui peut être bétonnée. Les hommes connaissent des conditions de vie très différentes dans les abris. Ces conditions dépendent de la nature du terrain, de la violence des combats, de l’ancienneté de l’occupation et du grade.
Les abris sont creusés en profondeur, possèdent toujours une entrée étroite (parfois deux), sont souvent étayés avec du bois et peuvent être meublés (couchettes superposées, tables, fauteuils, chaises, bougeoirs, etc.).
11 LE POSTE DE SECOURS
Il s’agit ici de présenter un petit poste de secours d’une première ligne pour une prise en charge avant l’évacuation vers l’arrière.
Pour découvrir le Musée de la Grande Guerre https://www.museedelagrandeguerre.com