
La reconstitution d’un guerrier de la culture Ymyyakhtakh met en évidence des pratiques funéraires complexes. Ainsi l’usage d’armures élaborées et une organisation sociale structurée étaient courants. L’analyse du corps révélé par ces fouilles et de l’équipement révèle une spécialisation martiale ancienne. Elle souligne l’existence de conflits réguliers et de rituels marquant la transition entre vie et mort. La culture Ymyyakhtakh s’est développée en Sibérie entre 2200 et 1300 av. J.C.
Un guerrier dans le pergélisol de Yakoutie en Sibérie
En Yakoutie, en 2004, les archéologues russes découvre une incroyable sépulture. Bien conserves, les restes d’un guerrier offre une vision exceptionnelle sur les rites et les pratiques de ce peuple méconnu.
L’individu est retrouvé recouvert d’un bouclier en os. Près de lui, des armes et d’objets sont disposés. Ils démontrent une maitrise élevée de techniques complexes. Une reconstitution en 3d révèle un visage, mais aussi une vie marquée par la violence et une hiérarchie sociale complexe.
Les fouilles ont eu lieu près du village de Chourapcha, dans la région de Kerdyugen, en République de Sakha (Yakoutie). Dans un sol recouvert de pergélisol et malgré une profondeur de seulement 35 centimètres, le gel a parfaitement conservé la tombe et ses artéfacts. L’archéologue Alexander Stepanov, surnommé « la pelle d’or », découvre, alors, un ensemble inédit de grandes plaques osseuses.
Ce bouclier est composé de plaques d’os issues, suivant les meilleures hypothèses d’un cervidé, le wapiti d’Altaï. Les plaques, taillées et ajustées semblent avoir été collées sur une base organique, probablement du cuir. La disposition du corps et des objets montre que ce peuple apportait un soin particulier dans l’inhumation. Les archéologues identifient des armes : pointes de flèches, restes d’un arc, de la vaisselle, un sac de toile et des d’autres objets. Les scientifiques s’étonnent de trouver des ossements humains. Leur disposition ainsi que des traces de brulures sous la tête suggèrent une pratique rituelle rencontrée dans d’autres sépultures de Sibérie.

Un guerrier du peuple Ymyyakhtakh
La culture Ymyyakhtakh s’est développée dans un environnement arctique extrême. Nomades, c’est un peuple de chasseurs cueilleurs. Ils ont utilisé leur environnement, pauvre d’apparence, pour mettre au point des techniques de tailles de pierre et d’os remarquable, des objets rituels dont un style de poterie caractéristique fait de terre et de coquillage. On retrouve ces poteries sur de vastes territoires.
Le squelette de Kerdyugen montre clairement que cet homme faisait partie dela caste guerrière. Ses os recèlent des traces d’usure particulières et de blessures anciennes : fractures aux membres, lésions articulaires, consolidation irrégulière d’os brisés. Ces marques sont les preuves des combats fréquents ou des accidents violents. Le développement musculaire de l’épaule et du bras est typique d’un archer expérimenté. Pour l’historienne Liliya Alekseeva, ce squelette correspond à un « chien de guerre », un combattant aguerri. Ce qui semble confirmé par la complexité du rite funéraire découvert dans la tombe. On peut imaginer que les contemporains du guerrier avaient des conceptions spirituelles plus élaborées qu’on ne pensait.
Un legs précieux pour la recherche archéologique
La reconstitution en 3D du guerrier de Kerdyugen est l’aboutissement de trois ans de recherches.

Au-delà de sa dimension spectaculaire, cet ensemble permet de revoir les connaissances sur ces peuples néolithiques de Sibérie. La variété des artefacts découverts, leur disposition nuancent que ce que l’on savait. Ces groupes connaissaient, donc, une forte hiérarchie sociale et des fonctions distinctes et codifiées.
C’est à partir d’un communiqué de presse publié par l’agence TASS que les détails de cette redécouverte ont été rendus publics, appuyés par les recherches du Musée d’archéologie et d’ethnographie de l’université de Yakoutsk.