Le Service historique de la Défense nous a habitué à de remarquables expositions sur l’histoire militaire de notre pays. En cette période de commémoration, ses historiens et ses historiennes réitèrent avec une proposition passionnante. Faire un état militaire du pays entre le débarquement de juin 1944 et les mois qui suivent la fin de la guerre. Si l’exposition ne présente pas de révélations historiques, elle est indispensable par la découverte de documents d’archives présentés, ici, pour la première fois.
La situation à l’été 1944
L’exposition s’ouvre par un état des lieux à la suite des deux débarquements de juin et d’août 1944. Si le Mur de l’Atlantique est rapidement percé, les forces allemandes résistent bien. Il faut attendre la percée d’Avranches, le 30 juillet, puis l’éradication de la poche Falaise entre le 16 et le 21 août, pour voir la fin de la bataille de Normandie. Le débarquement de Provence, le 15 août, complète l’offensive alliée. Contrairement au front normand, les Forces françaises prennent une part très importante à la réussite de l’Opération.

Service historique de la Défense, DE 2007 ZC 18 1 5262 fonds du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale,
photographie de Robert Capa
Reconstruire une armée pour la république restaurée – septembre novembre 1944
En parallèle à la reconstruction matérielle et politique du pays, le Conseil de la Résistance et le général de Gaulle imagine la reconstruction de l’armée française. L’amalgame entre les différentes armées ne sera pas simple. De la 2e DB commandée par le général Leclerc, issue des FFL, à la première armée commandée par de Lattre qui a combattu en Italie au corps du général Juin, issu de la fusion entre l’ex armée vichyste et la première DFL, les hommes et leurs expériences vont se heurter. Profitant de la Libération de Paris, De Gaulle, aussi pour contrer l’influence communiste, impose l’amalgame de toutes les forces régulières et de la résistance. Par le décret du 9 août 1944, il propose aux FFI soit de rentrer dans leurs foyers, soit de rejoindre l’armée régulière. Environ, 500 000 FFI s’engagent dans les combats de 1944-1945.
Documents exposés

Champs Élysées le 26 août 1944
Service historique de la Défense, DE 2007 ZC 18 1 13228, fonds du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale


avoir été passés en revue aux Invalides, sept bataillons des Forces
françaises de l’intérieur, ayant défilé sur les Champs Élysées, passent devant
le Grand Palais, 6 octobre 1944
Service
historique de la Défense, DE 2007 ZC 18 1 8148

Cet insigne et ceux des autres régiments de l’armée de Terre issus des Forces françaises de l’intérieur font l’objet d’une présentation dédiée dans l’exposition, qui met en valeur les collections exceptionnelles de symbolique militaire du SHD.
Service historique de la Défense, Division de la symbolique de la Défense

Novembre 1944-mai 1945. De durs combats pour la victoire
Après les succès des Débarquements, de la Libération de Paris, la poussée des alliés fait reculer les forces de l’Axe jusqu’aux frontières de l’Est. Quelques poches subsistent dans les Alpes et sur la façade ouest. L’opération Bagration a ouvert les portes de l’Allemagne à l’Armée rouge. C’est désormais à qui arrivera le premier à Berlin. L’armée française livre de durs combats dans les Vosges et en Alsace. Grâce à l’appui américain, l’ennemi est chassé su territoire national le 9 février 1945. La Première armée traverse le Rhin et s’engage à plein dans la Campagne d’Allemagne.
Documents exposés



Vers l’Allemagne

Bibliothèque du Musée de l’armée, J.120/7090

version en français de la « déclaration
concernant la défaite de l’Allemagne et la prise
de l’autorité suprême par la Gouvernement
provisoire de la République française et par les
Gouvernements des États Unis, du Royaume
Uni et de l’Union des Républiques socialistes
soviétiques » du 5 juin 1945 signée par le
maréchal soviétique Georgi Joukov, le General
of the Army américain Dwight D Eisenhower,
le Field Marshal britannique Bernard Law
Montgomery et le général d’armée Jean de
Lattre de Tassigny Ce texte important fixe les
modalités de la prise de contrôle du pays
vaincu par les vainqueurs Contrairement à
1918 l’Allemagne sera donc bel et bien
occupée et administrée par les Alliés
Centre des archives diplomatiques de La Courneuve, S 275
Reconstruire le pays
La reconstruction matérielle du pays s’accompagne aussi d’une reconstruction morale et humaine. Le bilan des pertes est lourd, des villes sont en ruines. Les sans-abris innombrables. L’épuration est dans toutes les têtes. Il faut châtier les collaborateurs et poursuivre les criminels de guerre. Enfin le pays doit faire revenir 950 000 prisonniers de guerre, 800 000 travailleurs et des milliers de déportés. A l’heure des comptes, le pays a retrouvé son rang de grande puissance. La France envoie un juge à Nuremberg, elle signe les actes de reddition à Berlin et à Tokyo et elle obtient un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU. En 1945, peu de personnes voient arriver les aspirations des peuples colonisés à prendre leur indépendance et les conflits futurs qui sont liés.

1945
Service
historique de la Défense, DE 2007 ZC 18 1 10357


de recherche d’Otto Skorzeny
1908 1975 1945
Service
historique de historique de la Défense,
GR 28 P 9 5011
Pour conclure
Amis lecteurs,
vous devez courir voir cette exposition dont nous vous avons présenté une très courte sélection de documents. On trouve aussi de nombreux objets, des uniformes, des films chacun se répondant et s’éclairant les uns les autres. Vous y découvrirez une masse d’archives que chacun soupçonne mais de la voir « en vrai » reste une expérience unique. Être devant l’acte de capitulation du IIIe Reich est un moment rare et exceptionnel, ceux qui ont vu le Traité de Versailles exposé aux Invalides savent de quoi je parle..
Si il y a un regret à formuler, il concerne la tutelle du SHD. Comment est il possible, en 2025, qu’une institution de cette importance, qui rayonne dans le monde de recherche du monde entier, qui recèle une part majeure de notre mémoire, qui conserve des trésors inestimables ne dispose pas d’un lieu d’exposition digne de ce nom ? Quand on voit les chiffres de fréquentation des grands musées militaires parisiens, on peut supposer que ce public de passionnés trouverait facilement le chemin de Vincennes si les conditions d’accueil étaient à la hauteur du travail des équipes qui animent le lieu.