Collectionneurs et musées sont à l’affût dès qu’une arme ayant appartenu à Murat pointe son nez dans une salle de vente. Après un premier sabre, maintenant à Fontainebleau, une paire de fusils, au musée de la Chasse, des pistolets, c’est au tour d’une pièce inédite et exceptionnelle de passer le feu des enchères.
Somptueux, extraordinaire, sublime, merveilleux, ces qualificatifs peinent à décrire les qualités du sabre conservé dans une famille d’antiquaires allemands. Fait d’acier, d’or et d’ivoire, ce chef d’œuvre de Nicolas Noel Boutet a été créé pour célébrer le titre de Grand Amiral décerné par l’Empereur au Maréchal Murat en 1805. La lame vient des ateliers de Klingenthal en Alsace qui fournit des lames d’exception depuis Louis XIV. La garde représente un tronc de palmier doré et décoré d’une tête de mars. De ce tronc part une branche qui se termine en hydre à quatre têtes associées à Appolon et au trident de Neptune. Un dauphin complète le programme et rappelle l’élément marin. La fusée est en ivoire, le plateau représente une coquille en acier bleui et damasquiné.
Napoléon a été prodigue en arme de récompense pour ses soldats méritants mais aucun ne peut être comparé à ce sabre de bataille.
À la mort de Murat, à Pizzo en 1815, ses insignes de Grand amiral reviennent au ministère de la Marine, à Paris. D’après l’expert, cette arme a été saisie par les Prussiens de Blücher lors de l’occupation de la capitale en 1815. Il gagne ensuite la collection de l’antiquaire Horst Gries puis celle de ses descendants. Elle revient à Paris où, espérons-le, les musées parisiens se manifesteront.
L’exception de paie, ce sabre est estimé entre 500 000 et 800 000 euros.