Quand l’innovation se fait au combat. Selon la base de données Every Battle in History, l’espèce humaine aurait livré environ 12 000 batailles, du moins celles dont on a conservé une trace. Rassurez-vous, pour ce dix-neuvième hors-série de Guerres&Histoire, nous n’en avons sélectionné qu’une quinzaine, sur la base d’une caractéristique précieuse entre toutes pour les militaires : ce sont toutes des batailles innovantes.


LA GUERRE ANTIQUE
14 Leuctres, ou le triomphe de la géométrie sur le nombre

Dans la Grèce du début du IVe siècle av. J.-C., Sparte est la puissance dominante. La réputation militaire de la cité qui a écrasé Athènes n’est plus à faire. Mais le 3 juillet -371, dans la plaine de Leuctres, l’armée spartiate est mise à genoux en quelques heures. La faute à un général thébain, Épaminondas, qui prend une étonnante initiative : il place sur la gauche une énorme phalange et, sur la droite, un rideau de troupes en échelons refusés. L’ordre oblique est né. PAR ÉRIC TRÉGUIER
22 Héraclée, le premier choc entre légion et phalange

Dans le sud de l’Italie, deux traditions tactiques s’opposent pour la première fois en 280 : la phalange hellénistique héritée de la Macédoine et les légions manipulaires forgées par Rome en Italie. Révélatrice des forces et faiblesses de deux formations radicalement différentes, cette rencontre mérite un réexamen au-delà des clichés. PAR RÉMI SAOU
28 Carrhes, le début du cauchemar parthe

Pensée pour vaincre la phalange, la légion romaine se trouve déboussolée face à un adversaire qui pratique un autre type de combat. C’est le cas à Carrhes, en -53, où des archers montés de l’Empire parthe, pourtant quatre fois moins nombreux, humilient l’armée de Crassus. PAR ÉRIC TRÉGUIER
34 Cannes, le paradigme du piège à loup

34 Cannes, le paradigme du piège à loup Jamais une armée antique en infériorité numérique significative n’avait remporté une victoire aussi complète grâce au double enveloppement par les ailes. Pour autant, le superbe stratagème d’Hannibal n’est pas le fruit de son seul génie tactique : il a une filiation et une histoire. PAR FRÉDÉRIC BEY
DU CARRÉ AU CORPS D’ARMÉE

42 Les Suisses matent le Téméraire en trois coups

Trois ans de guerre, trois batailles, trois défaites : Grandson, Morat, Nancy… Et un mort : Charles le Téméraire. L’armée ultramoderne du puissant duc de Bourgogne, hérissée de canons, s’empale sur une autre innovation : les carrés de piquiers formés par les Confédérés suisses. Jamais l’État bourguignon ne s’en remettra. PAR SIMON GALLI
48 Ravenne, 1512 : et la guerre moderne fut !

Il y a cinq siècles, en Italie, les Français combinent pour la première fois les atouts des trois armes — artillerie, infanterie et cavalerie — pour écraser les Espagnols. Succès sans conséquences stratégiques, certes, mais à la longue postérité militaire. PAR PASCAL BRIOIST
54 Rocroi : le duc d’Enghien sonne le glas de la suprématie espagnole

À Rocroi, en 1643, le duc d’Enghien bat les fameux tercios espagnols qui dominent l’Europe militaire depuis un siècle et demi. Mais sa victoire couronne surtout cinquante ans d’évolution tactique où l’infanterie recherche la puissance de feu et la cavalerie redécouvre celle du choc. PAR FRANÇOIS PERNOT ET PIERRE GRUMBERG
62 Spire et Denain : le vrai-faux retour de la colonne

Considérée comme trop risquée face au feu des armées modernes, la colonne d’assaut refait une brève apparition dans les troupes de Louis XIV au tout début du XVIIIe siècle. Reste à savoir ce que cette innovation apparente, annonciatrice des tactiques révolutionnaires, doit à la théorie et aux circonstances. PAR FADI EL HAGE
70 Le corps d’armée, clé de la révolution opérative napoléonienne

Grande Armée en miniature concrétisée par Bonaparte, le corps d’armée associe divisions d’infanterie, cavalerie, artillerie et génie. Il est assez souple pour manoeuvrer vite et loin et capable d’attendre le renfort de ses unités soeurs en cas de mauvaise rencontre. Napoléon en fait la pièce maîtresse de ses opérations, bientôt copié par toutes les armées d’Europe. PAR STÉPHANE BÉRAUD
LA GUERRE DU FEU (XIXe-XXIe siècle)

80 Les Sturmtruppen réinventent l’assaut

Face à l’impasse de la guerre des tranchées, les Alliés cherchent la clé de la victoire dans leur supériorité numérique, logistique et économique. Les Allemands n’ont pas ces moyens. Aussi entament-ils une révolution tactique basée sur le combat interarmes décentralisé et l’infiltration. Cette nouvelle façon de faire la guerre s’incarne dans les « Sturmtruppen », les troupes d’assaut. PAR JEAN LOPEZ
92 Cambrai, 1917 : l’an I de l’arme blindée

La journée du 30 novembre 1917 marque un tournant dans l’histoire de la tactique : pour la première fois, une offensive est menée par des chars et la percée… presque obtenue. Le mouvement, le choc et le feu se trouvent enfin réunis dans une même arme ! PAR JEAN LOPEZ
100 À Tarawa, les Marines mécanisent le débarquement

Le 20 novembre 1943, les Marines débarquent sur l’atoll de Tarawa. Mal préparé, l’assaut tourne au bain de sang. Mais le carnage aurait été bien pire sans l’utilisation de nouveaux véhicules chenillés amphibies. En dépit de pertes effroyables, ces engins mécanisés vont changer la donne en gommant l’interface mer-terre, un espace qui résistait à l’innovation tactique depuis l’aube de l’humanité. PAR PIERRE GRUMBERG
108 Portfolio. La ville, mortel laboratoire tactique

108 Portfolio. La ville, mortel laboratoire tactique
En milieu urbain, les armées luttent l’une contre l’autre, mais aussi contre un environnement périlleux où chaque toit, fenêtre, bouche d’égout peut abriter un tireur, où les souterrains forment un réseau invisible et où le béton prédominant sert de bouclier tout en gênant les communications. Ces défis imposent d’innover en permanence pour triompher, en défense comme en attaque. PAR BENOIST BIHAN
122 Après-guerre, la division en fractions
Au terme de plus d’un siècle d’évolution, la division s’est imposée à la fin du XVIIIe siècle comme « grande unité » en charge de la conduite de la bataille. Mais après 1945, les armées s’interrogent de plus en plus sur la taille idéale des unités tactiques, entre masse critique et pressions technologiques. Bataillon, brigade, Kampfgruppe ? Le débat fait rage… avant un retour à la case division ! PAR BENOIST BIHAN