Si le 1 avril 1939, la guerre d’Espagne prend fin avec la victoire des troupes nationalistes conduites par le général Franco, le peuple espagnol n’en a pas fini avec la violence du régime totalitaire qui s’installe.
Après la guerre d’Espagne, la terreur continue
Dès 1940, une politique de terreur s’abat sur les sympathisants républicains. Des dizaines de milliers d’hommes sont fusillés après un simulacre de procès. Les corps sont jetés dans des fosses communes, les familles sont empêchées de récupérer les corps pour leur donner une sépulture qui pourrait devenir lieu de souvenir politique. Femmes et enfant subissent là une double peine insupportable. Depuis 19176, avec le retour de la démocratie, les descendants de fusillés réclament l’ouverture des fosses et l’exhumation de fusillés.
Des descendants des victimes en quête de vérité
Cet album sensible et passionnant raconte la quête de Pepica aidée par une équipe menée par Eli, une jeune archéologue. Pepica sait que son père, José Celda fusillé à 45 ans, repose dans la fosse 216 située dans le cimetière de Paterna. On en a recensé 200. Certains sont profondes de 6 mètres contenant chacune plus de 100 corps. Grâce à une loi de 2007, les familles de toutes les victimes de la guerre civile pouvait demander l’exhumation de leurs proches. Une fois le dossier accepté, un budget alloué, les familles doivent recruter des archéologues. Cette loi généreuse et humaine donne lieu à de vifs débats tant la guerre civile est encore brulante.
Des archéologues au service des vivants
Beaucoup de jeunes archéologues s’engagent dans ce travail conscient de son importance historique et émotionnel. Le but de ces fouilles est d’identifier les ossements pour les remettre aux familles. Ce n’est pas toujours possible. Trouver les corps jetés pèle mêle, enchevêtrés dans les fosses devient une course contre la montre quand les témoins disparaissent peu à peu. L’urbanisation les recouvre. Les auteurs citent le cas d’un restaurant Mac Donald construit au-dessus d’une fosse. L’abime et l’oubli sera surement un des grands albums de 2025. On peut le lire comme un morceau de l’histoire de l’Espagne et comme un cri d’amour d’une fillette pour son père. IL livre un éclairage original sur le travail archéologique.
Eli qui ouvre ces fosses dit à ses collègues « qu’ils sont les premiers témoins du crime survenu, 80 ans plus. Et que ceux qui n’ont travaillé que sur des nécropoles antiques ou médiévales, j’imagine que vous n’avez jamais eu affaire aux proches des défunts ». Quand l’archéologie travaille sur les morts pour réparer les vivants.
Pour lire le début de l’album