Les Troupes coloniales, héritières des Troupes de marine, sont un des piliers de l’armée française pendant 150 ans. Elles participent à l’expansion ultramarine. Au maintien de l’ordre dans les territoires sous tutelle, à leur défense et à quasiment tous les combats. Elles sont de ce fait, partie intégrante de la politique française.
Les troupes coloniales un sujet neuf
Julie d’Andurain ne propose pas une étude de leurs engagements même s’ils apparaissent en filigrane. C’est une analyse en profondeur de ces troupes et des débats qui les ont entourées. Leur naissance, leur développement sont passés au crible. Les hommes ne sont pas oubliés puisque sont abordées leurs origines, les soldes, leurs motivations et leur vie quotidienne. Au fil des pages, on découvre des formations qui s’adaptent aux situations locales, aux combats (comme en Indochine). Il s’agit de former une armée à part entière. A côté des marsouins et bigors apparaissent un service de santé, des unités du génie, une intendance, des transmissions. Et en 1951, un régiment blindé s’ajoute pour s’opposer à une éventuelle attaque des Chinois au Tonkin.
On voit au gré des pages les capacités des Troupes coloniales à innover et à intégrer des colonisés dont les plus célèbres restent les tirailleurs sénégalais. Une très bonne synthèse scientifique qui apporte une multitude de connaissances et ouvre des perspectives immenses aux curieux d’histoire militaire. Michel BODIN

Julie d’Andurain, Les troupes coloniales, une histoire politique et militaire, Passés composés, Humensis, Paris, 2024, 395 p.
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Pour avoir été le bras armé de la colonisation, les troupes coloniales n’ont à l’évidence pas bonne presse, à moins que l’on en ait une vision caricaturale opposant les figures de sabreurs de la République aux héros tour à tour conquérants, explorateurs et bâtisseurs. Symbole de la puissance et du génie français à l’étranger, la Coloniale est pourtant au coeur de l’histoire politique et militaire française, de l’expansion coloniale des XIXe et XXe siècles au départ des Français d’Algérie en 1962.
Composée de troupes d’infanterie et d’artillerie – marsouins et bigors –, soutenue par un service médical et une intendance spécifique, on la réduit trop souvent aux tirailleurs, qui n’en sont qu’une composante. Chargée de représenter la souveraineté française outre-mer, que ce soit pour conquérir des territoires, les administrer, réprimer des révoltes intérieures ou les défendre d’une agression extérieure, ces troupes participent à toutes les opérations de guerre du XXe siècle, servant aussi en métropole pendant les deux conflits mondiaux. Cette force militaire épouse donc très logiquement les vicissitudes de la politique extérieure de la France, ce que démontre Julie d’Andurain dans cette première réflexion globale sur les troupes coloniales, instruments de la République pour soutenir la place de la France au sein de ce que l’on appelait alors « l’équilibre des Puissances ».