La rédaction de Guerre et histoire s’associe aux éditions Glénat pour la sortie de ce livre de la collection La guerre en couleurs . Cette sélection spectaculaire d’images colorisée avec soin est mis en perspective par un texte de Michael Bourlet que vous lisez dans Guerres et histoire. Jean Lopez, directeur de la rédaction, introduit ce volume dans une préface éclairante sur le face à face entre la Wehrmacht et l’Armée rouge.
A la veille de la Seconde Guerre mondiale, les deux régimes totalitaires sont liés par un pacte de non-agression signé en 1939. Ils entretiennent d’étroites relations diplomatiques, commerciales et militaires. Ainsi, en septembre 1939, quand l’Allemagne attaque la Pologne, l’Union soviétique envahit et annexe la Pologne orientale. Les États baltes et la Bessarabie suivent en 1940. Pourtant, convaincu qu’il sera attaqué tôt ou tard, le dictateur allemand veut anticiper et devancer son homologue soviétique. Par Michael Bourlet
LA QUÊTE D’UNE ILLUSOIRE VICTOIRE DÉCISIVE CONTRE L’ARMÉE ROUGE : BARBAROSSA
Pour l’Allemagne nazie, les raisons ne manquent pas d’attaquer son voisin. La politique d’influence soviétique dans les Balkans se heurte à la domination allemande. Hitler espère également priver la Grande-Bretagne, qui résiste toujours, d’un éventuel allié sur le continent. Enfin, la conquête de l’Union soviétique donnerait les bases territoriales qui permettraient à l’Allemagne nazie de poursuivre la guerre contre les Britanniques et à terme contre les Américains. Cependant, les raisons idéologiques occupent une grande place dans le projet national-socialiste. C’est-à-dire une lutte contre le communisme doublée d’un affrontement entre Aryens et Slaves. Les nazis voient dans cette guerre un moyen de conquérir et de coloniser des terres jusqu’à l’Oural, le fameux « espace vital ». Mais aussi une occasion de repousser les « assauts asiatiques » et de détruire les communautés juives.




LA CONQUÊTE DE TERRITOIRES POUR CONTINUER LA GUERRE
La résistance de l’Armée rouge devant Leningrad et Moscou a anéanti la perspective d’une victoire rapide à l’est. Affaiblie par une difficile campagne en 1941 et des lourdes pertes humaines et matérielles, la Wehrmacht n’est plus en état d’apporter la victoire.. En 1942, bien qu’ayant reconstitué ses divisions, elle ne dispose cependant plus de la force pour lancer une offensive généralisée. La destruction totale de l’armée soviétique paraît désormais hors de portée et le régime de Staline ne semble pas menacé. Au contraire, un sentiment patriotique envahit la population soviétique. Maintenant, dans les usines, les ouvriers produisent « Tout pour le front, tout pour la victoire ».
Néanmoins, Hitler et ses généraux veulent agir au début de l’été 1942. C’est au sud que la situation paraît la plus avantageuse. Barbarossa y a atteint ses principaux objectifs l’année précédente. La Wehrmacht y possède encore l’initiative mais aussi la supériorité matérielle. Hitler compte bien s’emparer de suffisamment de territoires pour pouvoir continuer la guerre face aux Anglo-Saxons. Il veut priver l’Armée rouge de ses ressources. Une illusion de plus qui emporte la Wehrmacht dans la spirale de la défaite à l’hiver 1942-1943.

1943, L’ANNÉE DU BASCULEMENT
En janvier 1943, de nouveaux rapports de force animent le camp allié. La victoire de Stalingrad renforce la position du dirigeant soviétique. Un effondrement de l’URSS, aurait été catastrophique pour les démocraties. Elles auraient été obligées d’intervenir sur le vieux continent sans garantie de succès, s’estompe avec cette victoire sur les rives de la Volga. Pour autant, les Alliés sont loin d’avoir remporté la guerre. La question de l’ouverture d’un second front, demandée par un Staline de plus en plus impatient, se pose. Mais le débarquement en Europe occidentale n’aura pas lieu en 1943. Pour Hitler, tout se joue désormais à l’est.
Toutefois, la victoire de Stalingrad ne doit pourtant pas être surestimée. Malgré les coups infligés par l’Armée rouge à la Wehrmacht – la chute de Stalingrad, l’offensive soviétique en direction du Donets et de la boucle du Dniepr, et un recul de près de 600 kilomètres entre Orel et la mer d’Azov – la Wehrmacht parvient à surmonter la crise.
Dès lors, de février 1943 à mai 1944, s’ouvre une période jalonnée par de puissantes offensives soviétiques ponctuées par des contre-attaques allemandes. Le bras de fer s’achève par la destruction de nombreuses unités allemandes et la perte de vastes territoires contrôlés par l’Allemagne depuis 1941.

L’EFFONDREMENT FACE A L’ARMÉE ROUGE
Au printemps 1944, l’Armée rouge a reconquis la majeure partie du territoire soviétique occupé par l’Allemagne depuis 1941. Seule la Biélorussie est encore aux mains du groupe d’armées Centre. Staline et son état-major rêvent d’une gigantesque manœuvre. Elle permettrait de détruire l’armée allemande et de fondre sur la capitale du Ille Reich. À la conférence de Téhéran, les Alliés occidentaux ont confirmé leur intention de débarquer en France au printemps 1944. De son côté, Staline s’est engagé à attaquer également pour soutenir l’offensive alliée.
Toutes ces offensives imaginées en 1944, à l’ouest et à l’est, sans être véritablement connectées entre elles, doivent mettre à genoux l’Allemagne nazie. Le débarquement en Europe occidentale représente une opportunité pour Staline. Occupée à essayer de rejeter les Alliés à la mer, la Wehrmacht sera incapable de transférer des forces vers l’est et ne pourra pas s’opposer au déferlement de l’Armée rouge. Ainsi, l’Union soviétique pourra non seulement remettre la main sur les territoires annexés en 1939-1940 mais également étendre sa domination en Europe. Le bras de fer avec les Occidentaux a déjà commencé.